dimanche 6 mai 2012

SEULE, FACE AU DESTIN (Roman)


Je revoyais cette scène horrible quand soudain je reçus une baffe sur le dos, je sursautai. Mon prof, le professeur Mutombo, un gringalet de 40 ans, était debout à mes côtés, il me fixait en grinçant ses dents. Sa moustache en bataille et sa barbichette, genre professeur Tournesol, suivaient les mouvements de sa mâchoire. Et un cure-dent ne quittait jamais ses lèvres charnues. Quand il marchait on avait l’impression que ses jambes maigres et interminables supportaient mal le poids de ses grosses chaussures en cuir, pointure 45.
Je me suis mise à renifler pour retenir mes pleurs…

– Tais-toi ! me dit-il en me pinçant l’oreille gauche. Je veux bien t’aider à ne plus rêver.

Il me tira soudain par l’oreille et me fit passer devant.
– Résous-moi le premier exercice ! me cria-t-il.

Je pris la craie en reniflant mais soudain, je restai immobile. Je ne comprenais pas l’exercice.
– Et voilà ! Quand tu ne rêves pas, tu dors…


Il se leva soudain, alla ouvrir le tiroir de son bureau et en sortit un « Ngondo ».
« Ngondo », c’est un morceau de tuyau dur en caoutchouc qui lui servait de fouet. À la vue de
« Ngondo », on se mettait déjà en pleurs ! On n’avait même pas besoin d’en prendre deux coups sur les fesses, non. Juste un. Jésus, Marie, Joseph ! Je ne sentais plus mes fesses, elles étaient glacées.
Et comme une folle, je m’assis par terre et me frottai bien les deux beignets qui me servaient de fesses par terre pour faciliter la circulation du sang. Le prof me sortit ce « Ngondo » puis s’avança vers moi, en grinçant ses dents. Il tapota le « Ngondo » qu’il tenait avec sa main droite sur la pomme de sa main gauche.

– Ne me tapez pas, s’il vous plaît, le suppliai-je en reculant. Je ne serai plus distraite ! Pitié !
– Tu as toujours des mauvaises notes, tu ne sers à rien, me lança-t-il avant de m’emprisonner l’une des mains.

Il me donna ensuite un coup sur le dos. Je courus vers un mur puis me mis à frotter le dos tout en pleurant tout bas. On n’avait pas le droit de pleurer tout haut ou de crier sinon, c’était la mort.
– Chut ! Tais-toi et retourne t’asseoir !

Il demanda ensuite à une autre élève de résoudre l’exercice, celles qui n’y arrivaient pas avaient droit à un coup de « Ngondo ». C’était à cause de ce genre de prof que beaucoup d’élèves faisaient l’école buissonnière. Le matin, il te suffisait seulement de penser à ce « Ngondo » et tu n’avais plus envie d’aller à l’école. Alors du coup, Tu faisais semblant d’avoir mal au ventre ou mal aux dents…

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