Je revoyais cette scène
horrible quand soudain je reçus une baffe sur le dos, je sursautai. Mon prof,
le professeur Mutombo, un gringalet de 40 ans, était debout à mes côtés, il me
fixait en grinçant ses dents. Sa moustache en bataille et sa barbichette, genre
professeur Tournesol, suivaient les mouvements de sa mâchoire. Et un cure-dent
ne quittait jamais ses lèvres charnues. Quand il marchait on avait l’impression
que ses jambes maigres et interminables supportaient mal le poids de ses
grosses chaussures en cuir, pointure 45.
Je me suis mise à
renifler pour retenir mes pleurs… – Tais-toi ! me dit-il en me pinçant l’oreille gauche. Je veux bien t’aider à ne plus rêver.
Il me tira soudain par
l’oreille et me fit passer devant.
– Résous-moi le premier
exercice ! me cria-t-il.
Je pris la craie en
reniflant mais soudain, je restai immobile. Je ne comprenais pas l’exercice.
– Et voilà ! Quand tu
ne rêves pas, tu dors… « Ngondo », c’est un morceau de tuyau dur en caoutchouc qui lui servait de fouet. À la vue de
« Ngondo », on se mettait déjà en pleurs ! On n’avait même pas besoin d’en prendre deux coups sur les fesses, non. Juste un. Jésus, Marie, Joseph ! Je ne sentais plus mes fesses, elles étaient glacées.
Et comme une folle, je m’assis par terre et me frottai bien les deux beignets qui me servaient de fesses par terre pour faciliter la circulation du sang. Le prof me sortit ce « Ngondo » puis s’avança vers moi, en grinçant ses dents. Il tapota le « Ngondo » qu’il tenait avec sa main droite sur la pomme de sa main gauche.
– Ne me tapez pas, s’il
vous plaît, le suppliai-je en reculant. Je ne serai plus distraite ! Pitié !
– Tu as toujours des
mauvaises notes, tu ne sers à rien, me lança-t-il avant de m’emprisonner l’une
des mains.
Il me donna ensuite un
coup sur le dos. Je courus vers un mur puis me mis à frotter le dos tout en pleurant
tout bas. On n’avait pas le droit de pleurer tout haut ou de crier sinon,
c’était la mort.
– Chut ! Tais-toi et
retourne t’asseoir !
Il demanda ensuite à
une autre élève de résoudre l’exercice, celles qui n’y arrivaient pas avaient
droit à un coup de « Ngondo ». C’était à cause de ce genre de prof que beaucoup
d’élèves faisaient l’école buissonnière. Le matin, il te suffisait seulement de
penser à ce « Ngondo » et tu n’avais plus envie d’aller à l’école. Alors du
coup, Tu faisais semblant d’avoir mal au ventre ou mal aux dents…
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